Le français, médiateur de la langue et de la culture

Extrait de texte de colloque

2e Colloque international de Bangkok 2007

« Le français comme médiateur de la diversité culturelle et linguistique »

L’usage des nouvelles technologies dans la pédagogie : apprendre et enseigner à l’ère du numérique – la création d’un document numérique ©BrunoMarchal

Mots clés : document numérique, pédagogie de projet, multimédia, interactivité

Résumé / Abstract

L’outil informatique ouvre depuis quelques années déjà de nouvelles perspectives dans le travail de l’enseignant. Il facilite bien sûr la conservation et la réactualisation des documents mais il apporte surtout de la dynamique en classe de français quand il est maîtrisé dans son aspect opérationnel et esthétique. L’outil est intéressant dans la préparation de documents multimédias ; il peut également s’exprimer pleinement dans une pédagogie de projet. Celui-ci permet une synthèse multidisciplinaire qui confie aux apprenants une réalisation créative, signifiante et stimulante. Or, si le monde du travail comme du loisir dispose et utilise de nombreux programmes de traitement de texte, de gestion, de retouche d’image ou d’illustration, l’enseignant qui n’est pas à priori formé à leur usage dans un cadre pédagogique, peut se voir facilement découragé dans son désir de création d’un document multimédia attractif. Un des facteurs particulièrement contrariant est le fait qu’il n’est pas toujours aisé de repérer le logiciel qui convient et encore moins de le manipuler. L’objectif de cette communication est de démontrer qu’il est possible d’intégrer dans un cours de français langue étrangère l’usage des technologies de l’information et de la communication, de manière simple et immédiatement opérationnelle jusqu’à plus complexe et interactive.

Lorsque Jean-Frédéric Bazille inventa en 1841 le procédé de la peinture en tube métallique et qu’un peu plus tard en 1850, Alexandre Lefranc mit sur le marché le tube de peinture souple prêt à l’emploi, il y eut des esprits chagrins pour s’insurger contre le déni de liberté que représentait désormais ce malheureux tube, responsable, disaient-ils, de la fin de l’inspiration. Celle-ci ne serait garantie que par un savant mélange personnel d’un liant et de pigments qu’il fallait broyer de manière grossière, des heures durant. Or, la peinture en tube fut un des éléments fondateurs de l’impressionnisme, offrant au peintre la liberté de préparer ses couleurs sur sa palette au soleil et d’étaler cette lumière sur sa toile.

Eternelle querelle des Anciens et des Modernes, faut-il refuser la technologie au seul titre qu’elle restreindrait la liberté et l’imagination ? Utilisons-la pour ce qu’elle apporte, une diminution des tâches ingrates, un gain de temps et de la couleur.

Dans un cours de langue, l’avènement des T.I.C.E.[i] (acronyme pour « technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement ») est aussi une sorte de révolution. Elles nécessitent un investissement en temps important dans le processus d’appropriation. Deux questions principales demeurent dans cette appropriation que font à la fois l’enseignant et l’apprenant de ces nouveaux outils. À savoir :

  1. Les résultats en termes d’apprentissage justifient-ils la quantité de travail nécessaire à l’élaboration d’un document numérique ?
  2. Les compétences de l’enseignant sont-elles remises en cause ?

Rassurons tout de suite les uns et les autres : le temps est un facteur déterminant, mais c’est à notre connaissance la seule véritable difficulté à surmonter.

1. Les résultats en termes d’apprentissage

Premier principe d’une pédagogie active : « les connaissances ne sont pas seulement transmises mais construites par l’apprenant » ; le savoir empirique est ainsi plus facilement mémorisé et assimilé. Mais l’intégration réelle des T.I.C.E. dans un cours de langue étrangère n’existe que depuis le milieu des années 90 et peu d’études chiffrées peuvent corroborer ce constat.

Cependant, il est un fait indéniable : grâce aux progrès faits dans la vitesse d’exécution des matériels et des logiciels, dans leur diffusion, leur interface et leur prise en main, l’informatique offre désormais de multiples possibilités et il est aujourd’hui devenu facile d’intégrer de la couleur, devenue numérique, par l’infographie[ii]. À partir d’un logiciel de traitement de texte et d’un simple appareil photo numérique, l’apprenant, comme l’enseignant, peut créer des documents agréables à réaliser, à lire et à regarder.

Les apprenants se confrontent d’abord aux règles en usage dans la forme choisie, rédigent sur le papier un canevas de leur document écrit puis s’impliquent très rapidement dans la création numérique. L’enseignant doit être présent sur toutes les étapes, à la fois pour expliquer et définir très clairement les objectifs à atteindre, mais aussi pour guider dans la mise en page et la recherche des éléments graphiques.

On s’aperçoit alors très vite que les technologies de l’information et de la communication, si elles sont maîtrisées et surtout s’il y a eu un travail en amont, permettent d’acquérir des notions lexicales propres au thème ou aux techniques proposées très intéressantes d’un point de vue pédagogique. Elles apportent aussi une approche civilisationnelle en phase avec les préoccupations des jeunes apprenants. Le lexique s’assimile particulièrement bien dans des activités de création numérique liées aux cours de langues, qu’il soit monodisciplinaire ou pluridisciplinaire.

Pour agrémenter le tout, ajoutons des bruitages et de l’animation et on obtient un document multimédia de type Powerpoint ou bien des pages html pour un site Internet ou un bloc-notes (blog). Au document opérationnel, s’ajoute aussi une dimension esthétique, par le choix d’une typographie, de l’élément graphique ou sonore. Ce type de document doit s’articuler autour de trois concepts de base : multimédia, interactivité, navigabilité.

2. Les compétences requises

Mais le plus difficile pour l’enseignant reste, il est vrai, de s’approprier l’informatique. Pourtant, aujourd’hui, tout le monde ou presque l’utilise dans la gestion des notes des apprenants ; dans la préparation de documents ou d’exposés, dans la recherche et la diffusion d’informations. Il existe pour cela des logiciels de bureautique dits de traitement de texte (type Word), mise en page (type Publisher), tableurs-grapheurs (type Excel) ou d’illustration (type Powerpoint).

Dès que l’on touche aux images animées, tant par l’image que par le son, il faut faire usage de logiciels qui ne sont pas à la portée de tout un chacun. La technicité de ces logiciels, de type Photoshop, Illustrator, Flash sont un frein, de même que leur prix, souvent rédhibitoire. Une solution s’offre alors, l’usage de logiciels dits gratuiciels (= freeware) ou partagiciels (= shareware). Il en existe de très nombreux et ce n’est pas le propos ici de les citer tous.

Cependant, il en est un qui vaut vraiment la peine de s’y essayer car c’est un logiciel qui conjugue tous les avantages ou presque : sa gratuité d’abord et sa facilité d’installation ; sa prise en main rapide et simple et ses fonctions d’animation puissantes ; sa forme enfin puisqu’il s’agit d’un didacticiel. Il est disponible sur le site en téléchargement gratuit sur le site http://www.fruitsdusavoir.org/ , tout un symbole ! C’est la version (Didapages 1.1). À l’ère du nomadisme, la très grande qualité de Didapages 1.1 est de pouvoir emporter ses documents finis et prêts à l’emploi, mais aussi de travail en cours, directement dans un dossier répertoire (= directory) sur une simple clé USB puisque l’ensemble du logiciel peut s’installer sur un dossier dans cette même clé. Et désormais, dans une version supérieure (Didapages 2), on peut créer ses propres documents directement sur le serveur de l’association « Fruits du savoir » sans aucune contrepartie, et partager ses créations avec des enseignants francophones de tous pays et de tous domaines. Ainsi, en bénéficiant d’une connexion Internet chez soi, dans la classe ou le bureau, il permet de diffuser des connaissances de manière autre que simplement textuelle, d’enseigner en classe de façon ludique et animée, de former à distance.

En somme, les nouvelles technologies de l’information et de la communication, loin de limiter la liberté et l’imagination, les décuplent tout au contraire si tant est que l’enseignant les maîtrise, mais surtout qu’il prépare bien ses documents, matrices et références sachant qu’il est d’usage de considérer deux heures de travail sur ordinateur pour une heure d’un travail sur papier. L’informatique fait gagner du temps sur le long terme, met à la portée de tous des cours animés, multimédias et interactifs particulièrement efficaces dans une pédagogie de projet. Mais il est un aléa qu’il faut sans cesse garder à l’esprit : l’épée de Damoclès que représente une panne ou un virus informatique… Dans ce cas, une version 1.0 est à garder à portée de main : la version papier.


[i] Site officiel du ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche http://www.educnet.education.fr/[ii] L’infographie désigne le domaine de l’informatique qui concerne la création et la manipulation des éléments graphiques numériques (texte, image, vidéo)

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