A la manière de … Le Nouveau Roman
« Le roman n’est plus l’écriture d’une aventure, mais l’aventure d’une écriture.» Jean Ricardou
L’expression « Nouveau Roman » est due à Émile Henriot qui l’employa dans un article du Monde, le 22 mai 1957, pour rendre compte de La Jalousie d’Alain Robbe-Grillet et de Tropismes de Nathalie Sarraute. Il ne s’agit pas à proprement parler d’une école car leurs œuvres sont en réalité fort différentes et ont évolué de diverses manières. Pour l’essentiel, les « Nouveaux Romanciers » contestent le roman de type balzacien : ils sont en cela influencés par certains romanciers étrangers (Kafka, Virginia Woolf), mais l’influence de Stendhal et de Flaubert est aussi notable, ainsi que celle de L’Étranger d’Albert Camus ou de La Nausée de Jean-Paul Sartre.
Plutôt que de dépeindre des personnages et des caractères, le Nouveau Roman préfère l’exploration de la conscience dans l’étrangeté du monde, soulignée par la minutie des descriptions (c’est ainsi que ces romanciers se réclament d’un « nouveau réalisme »).
Source : http://www.site-magister.com
1. Lecture et analyse des procédés littéraires d’un texte de référence.
« Je suis seul ici, maintenant, bien à l’ abri. Dehors il pleut, dehors on marche sous la pluie en courbant la tête, s’abritant les yeux d’une main tout en regardant quand même devant soi, à quelques mètres devant soi, quelques mètres d’asphalte mouillé ; dehors il fait froid, le vent souffle entre les branches noires dénudées le vent souffle dans les feuilles, entraînant les rameaux entiers dans un balancement, dans un balancement, balancement qui projette son ombre sur le crépi blanc des murs. Dehors il y a du soleil, il n’y a pas un arbre, ni un arbuste, pour donner de l’ombre, et l’on marche en plein soleil, s’abritant les yeux d’une main tout en regardant devant soi, à quelques mètres seulement devant soi, quelques mètres d’asphalte poussiéreux où le vent dessine des paralléles, des fourches, des spirales.
Ici le soleil n’entre pas, ni le vent, ni la pluie, ni la poussière. La fine poussière qui ternit le brillant des surfaces horizontales, le bois verni de la table, le plancher ciré, le marbre de la cheminée, celui de la commode, le marbre fêlé de la commode, la seule poussière provient de la chambre elle-même : des raies du plancher peut-être, ou bien du lit, ou des rideaux, ou des cendres dans la cheminée. »
Alain ROBBE-GRILLET, Dans le labyrinthe, Editions de Minuit, 1959 et 1962.
2. Recherche biographique et bibliographique :
Alain Robbe-Grillet, Nathalie Sarraute, Michel Butor, Claude Simon sur le site de l’université d’Ottawa.
3. Travail d’écriture sur deux couleurs : le blanc et le noir (la lumière – le blanc et l’absence de lumière – le noir).
- recherche du champ lexicale sur les analogies de ces deux notions.
- recherche d’éléments représentant la qualité de ces couleurs.
- analyse des procédés d’écriture d’un texte de référence.
- production écrite.
Exemple 1 : NOIR et BLANC [Namjit, Nongluk]
Par la fenêtre, il neige dehors. La neige tombe lentement sur la pelouse, comme un espace de coton couvrant le champ entier. La neige tombe, semblant interminable. Après la neige, des perce-neige.
Je suis propre, maintenant, comme le papier vide, la vie pure comme un nuage sacré. On efface le passé froid ; la chaleur incolore, illuminée et brillante. L’aube, pleine de neige, purifiée par le soleil, farineuse. Sur la table, le fromage frais, un cochon de lait, prêt pour tout le monde, la famille.
Il neige encore. Il neige partout. Le monde est blanchi, purifié par la neige effaçant la vie quotidienne. La poudre sacrée, lumineuse ; il neige tranquillement. Il y a le monde blanc, dormant.
Mais eux sont allongés sur le sable blanc, le sable blanc quelque part, un endroit tranquille comme le désert, le désert plat et vide ; pas d’animaux, ni d’humains, ni de plantes, rien.
Aucune fenêtre dans l’appartement. L’horloge sur le mur indique 0h ou 12h, mais sans fenêtre pas d’instant. La lumière : le petit rayon blanc sous la porte fermée à clé illuminant le tapis blanchâtre.
Je suis seul, dans un espace profond et sombre. C’est le jour ; c’est la nuit. La dernière lampe est éteinte dans la pièce. Dehors il fait noir, noir, noir. Il n’y a que des silhouettes, les silhouettes des oiseaux, les hiboux, des arbres. L’horloge sonne, tonne. C’est minuit, à quelques mètres devant la maison, des vagabonds cherchent, cherchent d`une poubelle à l’autre. Ils sortent du charbon d’un plastique noir ; le charbon pour le café sous les ponts.
Exemple 2 : BLANC et NOIR [Chawewan, Onanong]
Blanc
Dans une petite maison blanche, loin de la ville, je me repose sur les draps blancs en écrivant quelques mots sur du papier.
Dehors, il neige comme le coton, flottant, flottant dans l’air brillant puis se déposant sur les branches et les rameaux, blanchissant tous les arbres d’un coup.
Je bois une tasse de lait chaud.
Dehors, tout est éclatant, lumineux ; un homme au visage pâle et blafard marche doucement, doucement sur la neige. Son corps tremble sous son manteau ivoire.
Noir
Je suis né aveugle comme la nuit, une nuit qui ne finirait jamais.
Dehors, les cris des corneilles, des corneilles qui seront toujours noires ; les bruits des voitures sur l’asphalte ; les pneus, l’ébène et le café seront toujours noirs aussi, mais ma canne, elle, est toujours blanche.