Cinéma et censure
Tenir un discours oral argumenté : la censure
Définition de la censure
Le droit et la censure dans le cinéma (source Copyright © Manageria, 1999-2001)
Le droit du cinéma est constitué par l’ensemble des règles juridiques qui régissent la production, la distribution et la projection des films. Il concerne le film aussi bien comme création artistique (œuvre cinématographique) que comme marchandise (pellicule impressionnée).
Étant à la fois une industrie et un art, le cinéma pose des problèmes juridiques tant au niveau de la création du film qu’à celui de son exploitation. La production met en œuvre des capitaux considérables dont la rentabilité, nécessairement à long terme, est aléatoire : des contrats sont passés entre producteur, studios, laboratoires ; le crédit doit intervenir pour le financement. La création de l’œuvre cinématographique requiert le concours d’un grand nombre de personnes qui apportent leur contribution intellectuelle : metteur en scène, scénariste, dialoguiste, compositeur, acteurs ; tous sont dans une situation contractuelle avec le producteur ; comment peuvent-ils prétendre avoir un droit d’auteur ? La distribution par démarchage des salles et diffusion des copies de films implique la conclusion de nombreux contrats. La projection du film constitue un spectacle qui réunit dans les salles de nombreux spectateurs ; de ce fait, l’ordre public est directement intéressé. Lois et règlements de police s’appliquent au spectacle, de même que lois et règlements financiers à l’industrie.
La censure est l’ensemble des règles édictées et des mesures prises par l’État ou par un pouvoir religieux tendant à contrôler, limiter, voire supprimer la liberté d’expression.
Le cinéma est un moyen de communication de masse, que la liberté d’expression a continué de faire l’objet, dans la plupart des pays, de restrictions plus ou moins importantes, que ce soit au stade de la réalisation, de l’exploitation et de la diffusion du film.
VOIR => Dossier censure et cinéma – Exposition virtuelle – Bibliothèque Sciences Po
Quelles censures au cinéma ?
De toutes sortes, plus ou moins visibles : la censure politique, économique, militaire, judiciaire, religieuse, morale… et l’autocensure.
Pourquoi la censure au cinéma ?
Les motifs avoués sont les mêmes partout, depuis toujours :
- le maintien de l’ordre public (politique, économique, social)
- la sauvegarde des intérêts de l’Etat (surtout en temps de guerre)
- la conformité aux normes admises de comportement (sexuel, familial, social…)
- le respect de la religion
- la protection de la jeunesse.
Les motifs inavoués : le motif religieux peut être aussi politique (ménager les groupes de pression, contrarier un ennemi, plaire à un allié), la censure politique peut avoir des arrières-pensées économiques (assurer la vente à l’export, limiter la concurrence à l’import, rentabilité, politiquement correct).
La censure au cinéma, où ?
Partout où l’on projette des films.
La censure au cinéma, quand ?
Elle naît avec le cinéma et s’institutionnalise en général dans les années 1910. Avec la libéralisation des sociétés occidentales à partir des années 1960 et 1970, elle a évolué vers la classification des films selon des tranches d’âge pré-établies, à titre obligatoire ou de simple recommandation. La censure la plus étudiée est toujours ancienne (régime renversé, critères dépassés, méthodes abandonnées, archives ouvertes aux chercheurs), les censures actuelles sont plus difficiles à documenter (opacité, absence de textes).
Quelles méthodes de censure ?
La plus spectaculaire : l’interdiction.
La plus radicale : la destruction du film et/ou de ses auteurs.
Les autres : coupure ou rajout, remontage, modification des dialogues, doublage des films étrangers ; refus de financement ou d’autorisation, tracasseries administratives, manipulation de l’opinion par le scandale, l’émeute, la campagne de presse. On censure un film achevé ou un projet de film, un scénario, une distribution ou une équipe technique, une affiche ou une édition DVD.
Quelles lois pour censurer ?
La réglementation du cinéma (production, exploitation, import-export). Mais d’autres textes de lois ont aussi servi la censure des films dans tous les pays : les codes civils et pénaux, les lois exceptionnelles en période de guerre, les textes anti-obscénité, les lois de douane.
Quels censeurs pour les films ?
L’Etat, les autorités locales (maires, préfets, Etats ou provinces dans les gouvernement fédéraux), les Eglises.
L’industrie cinématographique, le créateur lui-même (réalisateur, scénariste), les financiers, producteurs, distributeurs, exploitants de salles.
La Justice, sur plainte d’un particulier ou d’un groupe (droit à l’image, homonymie, ayant-droits…).
Les groupes de pression (églises, associations, partis politiques, syndicats).
Les censeurs puis les membres des commissions de contrôle ont été ou sont : prêtres, policiers, fonctionnaires, dames patronnesses, professionnels du cinéma, représentants d’associations familiales ou religieuses, éducateurs, psychologues.
Document introducteur au débat d’idées :
Le document déclencheur doit être choisi de préférence par rapport au pays dans lequel se fait le débat. On prendra cependant toutes les précautions nécessaires pour ménager les susceptibilités… sous forme d’auto-censure.♣